Kirman est une ville iranienne au passé glorieux. Située sur l'ancienne route des caravanes vers l'Inde, près du grand désert (Dasht-e-Lut), elle est devenue un refuge des Zoroastriens. La ville a été épargnée des ravages des invasions mongoles grâce à son accès difficile. Alors qu'à la fin du règne des Safavides (premier quart du 18ème siècle) la plupart des villes persanes sont durement touchées par l'invasion afghane, Kirman est une fois de plus épargnée de la destruction générale. Les enchevêtrements politiques entourant la lutte de pouvoir entre Lutf'Ali Khan, dernier dirigeant de la dynastie Zand, et Aga Mohamed ont cependant porté atteinte à la prospérité de la ville. En 1794, la ville fut saccagée et en partie rasée après un long siège par Aga Mohamed. Ses successeurs n'ont jamais réussi à redonner à la région son prestige d'antan.
Kirman a toujours défendu avec grandeur la renommée du tapis oriental. Les motifs floraux gracieux et les dessins extrêmement raffinés ont conquis le monde et contribué à la forte réputation des tapis persans. Le renouveau du commerce du tapis à Kirman doit beaucoup aux commerçants de Tabriz et à certaines firmes occidentales qui se sont installées dans la région à la fin du 19ème siècle. Ils ont fortement influencé la production en demandant de nouveaux motifs très appréciés en Europe et en Amérique. Les marchandises ont d'abord été envoyées à Tabriz, puis au port de Trabzond, où elles ont été expédiées à Constantinople et en Europe. La première entreprise occidentale à s'installer à Kirman fut la Eastern Rug and Trading Company de New York (acquise plus tard par Fritz et Larue). Une véritable école de designers Kermani à la réputation bien établie a émergé. Les dessinateurs se sont ouverts à l'innovation en développant un style somptueux qui se veut également à la hauteur des attentes du marché occidental.