Le tapis indien de la fin du 19ème siècle ne se situe pas dans le prolongement direct de la tradition moghole, comme on serait tenté de le croire, et il n’est pas davantage issu de traditions villageoises ou citadines.
Le tapis moghol, production très limitée de manufactures royales, disparaît à la fin du 18ème siècle.
La tradition populaire était axée sur la fabrication de tapis tissés (dhurries), et non de tapis noués.

La production du tapis indien ne doit sa renaissance (située vers 1860) qu’à des objectifs purement commerciaux. Les principaux centres de production se situaient dans les prisons de Lahore, Amritsar, Agra, et de quelques autres villes. Dans les prisons gérées par les autorités britanniques, de grands métiers à tisser furent construits, car il s’avérait que l’ordre et la discipline se maintenaient plus facilement lorsque les prisonniers avaient une occupation journalière. Le tapis indien fut présenté aux Expositions Universelles de Londres et de Chicago (1895). La demande des Etats Unis ne fit que croître au début du 20ème siècle. Elle eut pour effet d’accélérer la production et de provoquer le déclin de sa renommée.

Le tapis indien d’après 1900, victime de son succès inespéré, deviendra peu à peu synonyme de médiocrité. Ce n’est que dans les toutes dernières décennies que quelques ateliers s’efforcent de produire des qualités plus fiables.